• En ce moment, entre la Fête de la Réformation (qui est plutôt une commémoration...), Halloween (qui est plutôt... euuuhhh ?), la Toussaint (la... quoi, dites-vous ?), la commémoration des fidèles défunts (vous avez dit purgatoire ?), et bientôt le 11 novembre, la mémoire et la mort sont souvent "à la fête"...

     

    Pour faire à la fois dans la mémoire, la mort, le christianisme et la Journée du souvenir, nous vous proposons la transcription d'une très belle lettre de condoléances envoyée par le général Koenig au Pasteur Christol, aumônier protestant des Français Libres, lors du décès au combat de son fils Jean-Claude :

    Militaria de circonstance

    Frank Christol en uniforme d'aumônier des FFL (©SHPF, Paris)

    "Londres, le 15 août 1944

    Monsieur l'Aumônier,

     J'ai reçu avec tristesse, par votre lettre et par le carton de faire part, la nouvelle de la mort de votre fils Jean Claude.

    Étant donné que vous avez vous-mêmes consacrée votre vie à l'apostolat, je ne me permettrai pas de vous adresser des condoléances habituelles. Vous savez mieux que quiconque où votre fils est allé, pourquoi il y est allé. Pour reprendre la phrase que vous inscrivez sur son faire part, Jean Claude Christol n'est pas un malheureux puisqu'il avait l'espérance en Christ non seulement pour cette vie mais aussi pour l'autre vie, celle qu'il vient de commencer.

    Mais toutefois, puisque je suis soldat depuis 28 ans, laissez moi vous dire que la mort qui est venue le trouver bien tôt est sans nul doute la plus belle qu'un homme puisse trouver sur sa route : c'est la mort d'un soldat qui disparait dans sa prime jeunesse pour libérer son pays.

    Ceci ne peut consoler ni ses parents, ni ses frères et sœurs. Mais, à lire les états de services de la famille, on sait que les uns et les autres supporteront bravement leur douleur.

    Veuillez, je vous prie, Monsieur l'Aumônier, me croire,

    votre [signature, cachet]"

    Militaria de circonstance

    Lettre du général Koenig au pasteur Christol (©SHPF, Paris)

     

    Cette lettre a été trouvée dans le fonds du pasteur Christol, feuilleté suite à une demande de l'Eglise protestante française de Londres, qui va organiser, pour le 11 novembre, une exposition (voir téléchargement ci-dessous) incluent le rôle de cette paroisse dans le soutien des Français Libres pendant la 2e Guerre Mondiale.

     

    Télécharger le flyer de l'exposition proposée par l'Eglise protestante française de Londres

     

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  • Si vous venez en ce moment dans la salle de lecture de la bibliothèque, vous pourrez voir qu'il manque un élément habituel : Moïse présentant les Tables de la Loi, peint sur panneau de bois :

    Tous les prophètes ne sont pas cévenols...

    Moïse présentant les Tables de la Loi (©SHPF/JS, Paris)

    Si ce tableau n'est plus dans la salle de lecture, c'est parce qu'il a été prêté au Musée d'art et d'histoire du Judaïsme, pour une exposition sur "Moïse, figures d'un prophète", du 14 octobre 2015 au 21 février 2016. Regardez aussi la rubrique "Autour de l'exposition" : conférences, colloques, cinéma, ateliers... ça promet !

    Pour la petite histoire, ce décalogue est typiquement protestant, car, au lieu de fusionner, comme dans le catholicisme, "Tu n’auras pas d’autres dieux que moi. Tu ne feras aucune image sculptée..." en un seul commandement (qui relègue un peu - au passage-, la question de l'idolâtrie... comme c'est bizarre...), ces deux interdictions forment deux commandements bien distincts... Forcément, du coup, le 10e commandement concerne à la fois la femme et les biens de ton prochain (éclatés en deux commandements distincts dans le catholicisme : le compte est bon !).

    Ce type de tableau faisait partie des éléments de décoration de certains temples protestants, ou de chapelles privées protestantes :

    Tous les prophètes ne sont pas cévenols...

    Tables de la loi dans la chapelle protestante du Château de Chamerolle (©Département du Loiret)

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  • Aujourd’hui, 30 septembre oblige, ce n’est pas seulement l’anniversaire de la loutre bleue, c’est surtout la Journée mondiale de la traduction, Jérôme de Stridon (plus connu sous le pseudonyme de "saint Jérôme"...) oblige…

    Bible et Sébastien...

    La Vulgate  n’était pas au 16e siècle la tasse de thé exégétique des Protestants, qui ont donc œuvré pour une traduction biblique en langue vernaculaire qui se fonde sur de nouvelles traductions de la Bible hébraïque pour l’Ancien Testament, et des textes grecs pour le Nouveau Testament.

    Plutôt que de, classiquement, parler de l’éternelle Bible d’Olivétan, éditée par Pierre de Vingle en 1535, avec préface de Calvin, nous allons donc vous faire goûter, un tout petit peu, histoire de vous donner envie, aux délices de la Bible de Sébastien Castellion, éditée en 1555, ouvrage que Calvin n’aimait pas du tout du tout, notamment(1) parce qu’il considérait le niveau de langage, « trop » populaire, comme une sorte de manque de respect à la majesté biblique…

    Bible et Sébastien...

    Page de titre de la Bible de Castellion, 2° 650 (©SHPF, Paris)

    Et pourtant, jolie tentative de Castellion que de proposer une traduction biblique qui soit compréhensible par tous (à l'époque, évidemment...), qui soit littérairement très poétique dans les psaumes et cantiques, qui utilise des expressions populaires (notamment dans les parties dialoguées), des formulations intelligibles… et qui reconnaisse que des passages sont obscurs et peuvent être traduits/compris de différentes façons…

     

    Goûtons autrement la poésie de certains titres de psaumes :

    • Psaume XXII : Seaume de Dauid sur la biche de l'aube du iour pour être entonné.
    • Psaume XLV : Enseignement des enfans de Coré, pour être entonné aux roses, chant d'amourettes.
    • Psaume LVII : Pour être entonné de la colombe muette lointaine, Michtam de Dauid, quand les Palestins le prindrent a Geth.

     

    Petit parallèle Bible de Castellion/Olivétan :

    Bible et Sébastien

    (cliquez dessus pour lire plus aisément...)

    En espérant que cela vous aura donné envie de varier les traductions bibliques... même du 16e siècle !

    Et la Bible de Castellion a été rééditée en 2005 !

     

    (1) Bon, il faut ajouter que Castellion et Calvin avaient un « petit différend » annexe, sur le sujet - ô combien d’actualité -, de savoir s’il est légitime, ou non, de brûler des gens pour des motifs de désaccord religieux (hérésie). Pour Castellion : « Tuer un homme, ce n’est pas défendre une doctrine, c’est tuer un homme. » Efficace, du vrai humanisme pêchu comme on peut encore l’aimer aujourd’hui…

    (2) Ah, l'esprit qui se balance... ou le vent qui se démène... ?

    (3) Pour la TOB, les "amourettes" sont devenu des "caresses"... nettement plus... explicites !

    (4) Note de Castellion dans la marge : "pour bendée" signifie "pour putain", donc, plus proche de la TOB ("pour que je n'aie pas l'air d'une coureuse"), que du très très sous-sous-entendu de la Bible d'Olivétan... un peu de puritanisme avant l'heure, peut-être ?

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  • Pour cette rentrée, un petit retour en 1685, quand les réfugiés huguenots sont allés enrichir et participer au développement des pays protestants voisins... et lointains.

    Chemins d'exil

    Gravure de Luyken représentant les différents chemins d'exil des Huguenots (©SHPF, Paris)

     

    Un petit retour aussi en 1939, avec la création de la CIMADE (on l'oublie parfois, mais c'est un sigle : "Comité Inter-Mouvements Auprès Des Evacués"), issue du Comité Inter-Mouvements de jeunesse, lui-même composé des Eclaireurs Unionistes, de la Fédération Française des Eclaireuses, des Unions Chrétiennes de jeunes Gens et de Jeunes Filles, de la Fédération Universelles des Associations Chrétiennes d'Etudiants.

    Bonne rentrée... à tous.

     

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  • Impossible de partir en vacances vendredi 31 juillet au soir sans écrire un petit billet sous forme de blague de l'été.

    Elle nous est proposée par un cahier d'éducation civique de CE1, et fera certainement beaucoup rire (jaune...) certains lecteurs, chercheurs, spécialistes de l'éducation et de la laïcité, juristes... et fera retourner dans leurs tombes Rabaut Saint-Etienne, Ferdinand Buisson et Louis Méjean, entre autres.

    Blague de l'été...

    Voici des extraits, en clair :

    • La république est un système politique dans lequel le pouvoir appartient à tous les citoyens : chacun vote pour des personnes qui vont représenter le peuple et faire les lois.(1)
    • La laïcité : chacun est libre de choisir sa religion ou de ne pas en avoir. Les décisions prises par l'Etat concernent tous les habitants de la France.(2)
    • La démocratie : pour voter, il suffit d'être français et d'avoir 18 ans.(3)
    • Les libertés : par exemple, le droit de s'exprimer, de se réunir, d'être propriétaire etc...(4)

     

    Enfin bref, simplifier certains concepts pour des enfants de 7/8 ans, pourquoi pas, mais être à ce point dans la réduction et la confusion, - ou dans le fait de prendre les enfants pour des imbéciles...-, c'est à se demander si c'est vraiment comme ça que sont faits les programmes de l'Education Nationale...???

    Si vous avez la réponse, rendez-vous le 1er septembre pour la donner : réouverture de la bibliothèque !

    D'ici là, bon mois d'août (surtout le 4...)

     

    (1) Bon, vous aurez reconnu plutôt une définition de la démocratie parlementaire ou représentative...

    (2) La Laïcité contient la liberté religieuse et l'égalité de tous devant la loi, mais ces deux notions étaient déjà dans la Déclaration universelle des droits de l'homme... la véritable avancée de la loi de 1905, c'est dans la façon d'introduire la neutralité de l'Etat et de l'espace public par rapport aux religions et aux Eglises... Occulter cet aspect-là est au-delà de la simplification raisonnable...

    (3) Non seulement c'est faux (il faut aussi jouir de ses droits civiques...) mais en plus, cela ne peut être acceptable comme définition de la démocratie...

    (4) On a raté l'article 4 de la Déclaration de 1789, sur la liberté, et c'est d'autant plus dommage que la notion d'autrui, chez des enfants de cet âge-là, est particulièrement intéressante à introduire et travailler.... Les autres "libertés" sont présentées comme des "droits à", et auraient été mieux à leur place dans la catégorie "Droits de l'homme"...

    (5) il est vrai qu'il serait dommage qu'ils le demeurent, libres et égaux en droits... est-ce un oubli révélateur ou une concession volontaire à la réalité ?

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