• En 1887, Emile Gaidan (1836-1915), bien connu de nos lecteurs pour ses transcriptions des papiers d’Antoine Court, envoya à la SHPF des cartons d’archives trouvées dans un grenier de la paroisse de Sainte-Croix (Drôme), où il venait d’être nommé pasteur. Avant l’envoi, il avait inventorié la correspondance, extrait et étudié les archives de la destruction du temple de Sainte-Croix et les principaux papiers sur le Désert.

    Ce fonds, enrichi par un don de 1930 de Charles Eggimann (le lien est un .pdf à télécharger) sur la famille Patras de Grenoble, est resté non inventorié jusqu’aux années 1994-95. La destruction du temple et ses conséquences furent l’objet d’un article dans le bulletin de la SHPF (1995, pp . 247-260. Guy Combes : La destruction du premier temple de Sainte-Croix-en-Diois (1664-1665).)

    Mais à part cet aspect purement protestant (les 5 premiers cartons du fonds), les 45 cartons restants ne furent pas décrits et furent mis sur les rayonnages de la salle des manuscrits avec la simple mention lapidaire « NUL » écrite sur la partie visible des boîtes...

    Sainte-Croix, c'est NUL !!!

    Puis nous vint la curiosité d’ouvrir ces 45 cartons pour en faire au moins un état des lieux et un classement sommaire, histoire de voir si c’était vraiment « nul »….

    Et il est vite apparu que ce fonds est lié à une famille de notables de Sainte-Croix, les Bouvat, consuls, notaires, propriétaires terriens, qui avaient conservé les archives consulaires puis municipales, les minutes d’un interminable procès qui court sur plusieurs générations, de très nombreux documents notariés, et une imposante correspondance familiale et d’affaires.

    Les archives consulaires contiennent notamment : la correspondance administrative 1670-debut 19e , les comptes, la fiscalité, le passage des dragons (1684-1685), les mouvements de troupes de la fin du 17e siècle notamment décrits dans le journal du consul de l’année 1691…

    La période révolutionnaire : avec les recommandations des nombreux comités directeurs, les changements de calendrier, le bannissement du vouvoiement et du terme « monsieur » remplacé par « citoyen », « révolution » que l’on retrouve aussi dans la correspondance familiale…

    Bien que le protestantisme ne soit pas le sujet principal de la foisonnante correspondance de la famille Bouvat, il transparait  lors des baptêmes ou des décès, dans les lettres avec la branche suisse, dans les nombreuses lettres de G. Bouvat, parti à Marseille, pensant à se convertir pour mieux réussir dans le commerce, ou bien-sûr dans les lettres de Bouvat à sa sœur carmélite, lui demandant de rentrer à Sainte-Croix après 1792 lors de la fermeture de son couvent.

    Cette correspondance nous renseigne aussi sur les cycles et méthodes de l’agriculture, et notamment de la sériciculture, sur le climat : les chutes de neige empêchant la communication entre vallées, les évènements familiaux et  locaux (mariages scandaleux, attaques de brigands) ou de portée nationale : ainsi un des cousins de G. Bouvat, de petite noblesse, participe à la réunion des Etats Généraux, puis en 1789 arrivent les rumeurs parisiennes de la Révolution.

     

    Enfin bref, ce fonds n’est manifestement pas « nul », bien au contraire !

    Il raconte, sur un peu plus de deux siècles, la vie d’un village : sa vie matérielle (qui emprunte à qui et rembourse comment, qui échange des tonneaux de clairette contre du gibier… ?), son administration, ses relations régionales et nationales, sur fonds de protestantisme : de quoi faire quelques thèses… biggrin!

    A télécharger ci-dessous, l’inventaire général et le détail de la correspondance :

    Télécharger « MS 968 inventaire général.pdf »

    Télécharger « MS 968 détail correspondances.pdf »

     

    Fonds complémentaire : MS 702

    Lien complémentaire : C'est nous les Canuts !

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